traitements et diabète

Vers un vaccin contre le diabète ?

L’Inserm a récemment révélé qu’un vaccin ayant la possibilité d’altérer la composition ainsi que la fonction du microbiote intestinal pourrait permettre de protéger de l’apparition de maladies métaboliques comme le diabète ou l’obésité, mais aussi des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Va-t-on parvenir à prendre le mal à sa source avec un vaccin contre le diabète ? Décryptage.

Maladies inflammatoires et maladies métaboliques : un peu d’espoir

Quelques années maintenant que le déséquilibre du microbiote intestinal (ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes qui peuplent notre tube digestif) est associé à diverses pathologies. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (ou MICI) comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, ou les maladies métaboliques (obésité et diabète) sont notamment associées à des anomalies de ce microbiote. On y constate notamment une moindre diversité bactérienne ainsi que certaines familles de bactéries en excès. Certaines bactéries omniprésentes expriment une protéine, la flagelline, qui accroît leur mobilité. Lesdites bactéries pénètrent ainsi la couche de mucus recouvrant la paroi intestinale, celle-ci étant normalement stérile et hermétique. Or, en pénétrant la couche de mucus, le tube digestif est à la merci d’une inflammation, comme c’est le cas pour les maladies inflammatoires et métaboliques.

Les anticorps à la rescousse de l’inflammation

Comme le souligne le communiqué de l’Inserm, de précédents travaux sur des traitements du diabète ont déjà signalé la présence d’anticorps au sein même de cette couche de mucus. Certains de ces anticorps sont dirigés contre la flagelline, l’organisme développe donc naturellement une protection immunitaire contre la flagelline, limitant la présence de bactéries qui expriment cette protéine. Aussi l’équipe de Benoît Chassaing, chercheur Inserm au sein de l’institut Cochin, a-t-elle eu l’idée de « stimuler cette production d’anticorps anti-flagelline afin de réduire la présence de bactéries exprimant la flagelline dans le microbiote intestinal, dans le but de diminuer le risque d’inflammation chronique. »

Une vaccination à la flagelline chez les souris

Afin de favoriser la production d’anticorps anti-flagelline, l’équipe de chercheurs a donc administré par voie péritonéale de la flagelline à des souris puis a appliqué un protocole avec pour objectif de provoquer une inflammation intestinale chronique. Et les résultats sont encourageants : les rongeurs vaccinés présentaient une « réduction de la quantité de bactéries exprimant fortement la flagelline » mais également une « absence de ces bactéries dans la muqueuse intestinale ».

Un vaccin contre le diabète et l’obésité à venir ?

L’équipe du Pr. Chassaing a en outre testé cette vaccination chez des souris exposées à un régime riche en graisses. Résultat ? Les rongeurs vaccinés n’ont pas développé d’obésité contrairement à ceux n’ayant pas été vaccinés. Mais il reste un long chemin avant d’envisager un tel vaccin chez l’homme même si, comme le souligne le Pr. Chassaing, « cette stratégie vaccinale est envisageable chez l’homme, puisque de telles anomalies de microbiote ont été observées chez des patients atteints de maladies inflammatoires et métaboliques ». Il ajoute également que leurs recherches se concentrent actuellement sur « un moyen d’administrer localement la flagelline au niveau de la muqueuse intestinale ».

Interrogé par LCI, le professeur révèle qu’il « reste encore beaucoup de travail, notamment afin d’identifier les meilleures cibles bactériennes à utiliser pour le protocole d’immunisation ». Les essais sur l’homme ne sont donc pas pour tout de suite, pas avant d’avoir « déterminé les meilleures cibles bactériennes et les populations d’intérêt. »

 

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