L’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire encore trop méconnu. On parle en effet davantage de boulimie ou d’anorexie. Pourtant, il s’agit du trouble le plus répandu chez les personnes en situation d’obésité. Qu’est-ce que l’hyperphagie ? Quelles causes ?Quelle prise en charge ? On vous explique tout.
Hyperphagie, de quoi parle-t-on ?
Le terme hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire (TCA) défini par une prise alimentaire excessive, suivie par un sentiment de culpabilité et/ou de honte. Les crises d’hyperphagie impliquent de manger très rapidement, en très grande quantité jusqu’à ressentir des douleurs stomacales ou un réel inconfort digestif.
L’hyperphagie est souvent confondue avec la boulimie. Ces troubles alimentaires sont d’ailleurs régulièrement associés, on parle d’hyperphagie boulimique. Mais contrairement à la boulimie, nulle action correctrice n’est mise en place au terme d’une crise hyperphagique : nul vomissement, aucun usage de laxatifs, aucun arrêt volontaire et durable de l’alimentation.
Les données concernant la prévalence de l’hyperphagie sont rares. Ce n’est pas un hasard : il est particulièrement complexe de repérer et d’évaluer les troubles du comportement alimentaire dans la population. Autrement dit, les crises hyperphagiques étant associées à des moments de faiblesse suivis d’un sentiment de honte, elles ont lieu loin des regards. Ces crises sont en outre rarement mentionnées à l’entourage ou au médecin. Les derniers chiffres signalent qu’à l’échelle européenne, ce trouble du comportement alimentaire concernerait 1,9% de la population. En France, 0,7% des femmes en population générale seraient concernées.
Hyperphagie et obésité
L’hyperphagie est cependant beaucoup plus fréquente chez les personnes souffrant d’obésité. Près d’une personne obèse sur deux serait sujette à l’hyperphagie, notamment lorsqu’il y a des programmes de perte de poids à répétition. Elle concerne hommes et femmes, respectivement à 40 et 60%, mais également enfants et adolescents obèses. Les causes les plus fréquemment rapportées sont la solitude, le stress, l’ennui et… la restriction cognitive.
La restriction cognitive a un impact non négligeable sur les crises hyperphagiques. En effet, lors d’un régime destiné à perdre du poids, il y a bien souvent la mise en place de nouvelles règles et habitudes alimentaires. C’est ainsi que nous renonçons par exemple au chocolat, aux pâtes à la carbonara que l’on aime tant et au goûter. Mais supprimer totalement ces petits plaisirs vont provoquer des frustrations. Ces frustrations quotidiennes et répétées génèrent un mal-être qui va crescendo à mesure que le contrôle perdure. Puis vient le moment où l’on craque, l’instant de perte de contrôle alimentaire. C’est un cercle vicieux : tant qu’il y aura du contrôle, il y aura inéluctablement perte de contrôle.
Quelle prise en charge pour l’hyperphagie ?
Les troubles du comportement alimentaire ne doivent pas être pris à la légère. Il apparaît nécessaire d’aborder une approche collaborative afin de mettre un terme à l’hyperphagie. Plusieurs professionnels de santé interviennent alors : médecin, diététicienne spécialisée dans les TCA, psychothérapeute… C’est un chemin long et sinueux nécessitant un travail sur la gestion des émotions, qui ne se limite donc pas au rapport à l’alimentation.
Cette prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire car les troubles du comportement alimentaire sévissent sur le long terme. Ils peuvent ainsi accroître les complications digestives, cardiaques ou dentaires ainsi que les risques cardiovasculaires ou le diabète de type 2.