Dans le monde l’obésité concerne chaque continent avec une incidence de 13 % chez les adultes. On parle actuellement d’épidémie mondiale et de maladie chronique car lorsque l’obésité est installée elle est a priori irréversible. Selon une étude parue récemment, les conséquences de l’obésité seraient différentes chez les hommes et les femmes ce qui induirait des stratégies de santé publique différentes selon le sexe. Selon le Pr Axel Kahn, président de la ligue contre le cancer, « l’obésité est la cause de 3600 décès par cancer par an » en France. L’obésité est la cause de nombreuses maladies : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, hépatiques, rénales, articulaires, dermatologiques et enfin des cancers. De plus, les professionnels de santé ont également remarqué une différence dans la prise de poids et ses conséquences entre les hommes et les femmes.
Des inégalités face à l’obésité dues au sexe et à l’environnement
Une étude de l’Inserm a montré que les hommes et les femmes n’étaient pas égaux face à la prise de poids. Les femmes ont plus tendance à prendre du poids que les hommes. Et ceci est dû à des facteurs intrinsèques, c’est-à-dire spécifiques à leur sexe, mais aussi environnementaux.
Prise de poids, hormones et grossesse
Les hormones féminines, les oestrogènes et cortisol, favorisent la cellulite, la rétention d’eau et le stockage des graisses dans les hanches et les cuisses. Un taux de cortisol trop élevé favorise lui le stockage des graisses.
Lors de la grossesse, entre 10 et 15 kg sont pris en moyenne. Mais, si 1 femme sur 2 retrouve son poids initial, 1 sur 4 garde entre 4 et 5 kg de façon durable. De plus, les femmes ont également tendance à prendre du poids lors de la préménopause. Et enfin, n’oublions pas de signaler que la prise de poids est l’un des effets secondaires de la pilule contraceptive.
Prise de poids, sédentarité et pauvreté
Les facteurs environnementaux sont la sédentarité et la pauvreté. Les femmes ne suivent pas les recommandations de l’OMS pour l’exercice physique. Elles sont 53 % à les suivre contre 71 % des hommes. Quant à la pauvreté, saviez-vous que 30,6 % des femmes qui gagnent moins de 450 euros par mois sont obèses contre 18,7 % des hommes ?
Certaines causes de prise de poids sont donc liées au sexe et bien connues mais on ne sait pas en revanche si les causes de décès chez les obèses sont différentes selon le sexe. C’est ce qu’a cherché à savoir une étude parue en octobre 2019, intitulée « Relations causales entre l’obésité et les principales causes de décès chez les femmes et les hommes ».
Obésité et niveau de vie : un lien de cause à effet ?
Afin de mener cette étude les chercheurs ont utilisé la randomisation mendélienne. Les études sont très souvent observationnelles. Ainsi, dans le cas qui nous concerne c’est-à-dire l’obésité, les résultats de beaucoup d’études observationnelles montrent que nombre d’obèses sont pauvres. Mais, cela ne nous renseigne pas sur le lien de causalité. Sommes-nous gros parce que nous sommes pauvres ou sommes-nous pauvres parce que nous sommes gros ? Les résultats d’une étude observationnelle donnent donc des pistes qui doivent être validées par une étude interventionnelle. Toujours, pour le cas de l’obésité , mener une étude interventionnelle signifie qu’il faudrait prendre des gens pauvres et les rendre riches et vice versa pour voir quel est le lien de causalité entre niveau de vie et obésité. Chose impossible. C’est donc pour cela que l’on utilise la randomisation mendélienne, l’impact de la cause (l’obésité) sur le résultat (le salaire) est analysé par des marqueurs génétiques associés à une augmentation de l’IMC. Ces marqueurs ne changent pas.
C’est avec une randomisation mendélienne que des chercheurs britanniques ont pu confirmer que l’obésité avait un impact négatif sur l’éducation, l’emploi et le revenu des femmes.
Obésité et causes de décès : des résultats nets
Les chercheurs ont étudié, entre autres, les associations entre les trois mesures de l’obésité : l’IMC, le rapport taille hanche, et le comparatif IMC-rapport taille hanche, avec toutes les maladies non transmissibles figurant sur la liste de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des principales causes de mortalité dans le monde et dans les pays à revenu élevé (AVC, maladies pulmonaires, démence, cancers du poumon et colorectal, insuffisance rénale…).
Les résultats montrent que lorsqu’une femme a un indice de masse corporelle plus élevé elle a plus de risque de déclarer un diabète de type 2 qu’un homme. Si l’homme a un IMC élevé, il a plus de risque de déclarer un cancer du poumon que la femme.
Un rapport taille-hanche plus élevé chez l’homme signifie que celui-ci a plus de risque de présenter une maladie pulmonaire obstructive chronique et une maladie rénale que la femme.