poids et diabète

Tout ne passe pas seulement par l’assiette pour surveiller son poids !

Si l’obésité fait partie des enjeux de santé mondiale, concernant près d’un adulte sur cinq dans les pays les plus développés et 15% de la population française, elle est pourtant toujours autant connotée et stigmatisée. Les regards, les jugements et les messes basses de la société envers les personnes obèses sont quotidiens, le commun des mortels étant persuadé que l’obésité est inéluctablement associée à la malbouffe. Si seulement c’était aussi simple… Non, non et non, ce fléau qu’est l’obésité n’est pas uniquement lié à l’assiette mais aussi au système nerveux, au mode de vie, à la génétique… La liste est longue, c’est donc l’occasion de mettre un terme à ces préjugés.

Surpoids : 5 autres facteurs à prendre en compte

1- Le système nerveux

L’hypothèse de l’influence du système nerveux sur l’appareil digestif commence à faire son chemin et à sortir de l’ombre. En effet, il est aujourd’hui établi que cerveau et appareil digestif communiquent constamment, chacune de nos cellules graisseuses étant reliée au système nerveux central. L’hypothalamus, qui comporte un centre de la faim et de la satiété, communique sans cesse via les hormones, véritables intermédiaires. Ce sont nos hormones qui permettent aux sensations de faim et de satiété d’être assimilées par l’estomac et le cerveau. Or la prise alimentaire excessive, trop sucrée ou trop salée, contribue au dérèglement hormonal. Conséquence ? Les signaux de faim sont plus fréquents et ceux de satiété se font désirer… 

Le plaisir aurait aussi son rôle à jouer dans la prise alimentaire. Le plaisir, comme la faim et la satiété, est en partie régi par nos hormones, notamment par la dopamine, hormone dite du plaisir très largement étudiée ces dernières années pour son impact sur le surpoids et l’obésité. En comparant les réactions du système nerveux suite à la consommation d’une boisson chocolatée par exemple, une équipe de recherche de l’université du Texas a pu constater que les personnes à l’IMC le plus élevé étaient aussi celles qui comptaient le moins de récepteurs à la dopamine, les conduisant à manger davantage pour combler ce déficit de plaisir.

2- La génétique

Vous connaissez peut-être la légende urbaine qui veut que certains mangent tout et n’importe quoi sans prendre un gramme pendant que d’autres grossissent à la simple vue d’une feuille de laitue. Info ou intox ? Suren Budhan, médecin et chercheur en nutrition, et Jean-Loup Bascands, directeur de recherche Inserm, ont étudié de près l’importance de la génétique sur la prise de poids (dans Obésité : s’enrober ou s’en tirer ?). Ils estiment que les gènes contrôlent 30 à 80% de la variation de masse corporelle et qu’une personne a 2 à 8 fois plus de risque d’être obèse lorsque des membres de sa famille le sont également. Mais la génétique n’explique pas tout ! En effet, une famille ne partage pas uniquement des gènes mais aussi des modes de vie et des habitudes alimentaires. Toujours est-il qu’à ce jour plus de 250 gènes liés à l’obésité ont été découverts, mais il s’agit avant tout de prédisposition génétique…

S’il existe des cas de mutations génétiques impliquées dans la prise alimentaire et l’obésité, ils sont néanmoins très rares. Le premier cas a été signalé en 1994, quand une mutation du gène ob, source d’hyperobésité, est relevée chez des souris obèses, puis en 1997 chez une jeune fille présentant une obésité massive. Or, on sait aujourd’hui que ladite mutation est étroitement liée à un déficit en leptine (l’hormone de la satiété), d’où un besoin de manger constant en cas d’altération du gène ob.

3- Le microbiote intestinal

Des mois que le microbiote intestinal, autrefois nommée flore intestinale, fait sans cesse les gros titres pour son implication dans nombre de pathologies. Et l’obésité n’est pas en reste : les liens établis entre microbiote intestinal et obésité ne cessent de se multiplier. Si le microbiote intestinal est unique et propre à chacun, chez les personnes en surpoids ou obèses la composition bactérienne est sensiblement différente : leur ratio Firmicutes / Bacteroïdetes (deux familles de bactéries) est de 100/1, contre 10/1 chez des personnes à corpulence normale. Or les firmicutes, qui dominent très largement en cas d’obésité, ont une capacité accrue à digérer les glucides complexes, donc à extraire davantage de calories et à contribuer à l’augmentation de la masse graisseuse.

Ce déséquilibre bactérien peut être lié à de multiples facteurs : mode d’accouchement, environnement, diversification alimentaire, traitements médicaux… Par exemple, une exposition à des antibiotiques dans les 6 premiers mois du nouveau-né a pour conséquence une augmentation significative du poids dès le 38ème mois.

4- Le mode de vie

Notre société a connu de tels bouleversements que notre mode de vie n’a plus rien à voir avec celui de nos aïeuls. Pris par ce tourbillon qu’est l’existence, notre mode de vie en pâtit. Nous dormons par exemple moins qu’avant, en moyenne 6h34 par nuit, phénomène encore davantage marqué chez les adolescents avec une baisse de 50 minutes en moyenne chaque nuit par rapport aux années 80. Mais le manque de sommeil a de multiplies effets délétères à long terme sur la santé, mais aussi sur le poids. La leptine, l’hormone de la satiété, la ghréline, l’hormone de la faim, sont anormalement sécrétées à mesure que les nuits se raccourcissent. Résultat : nous avons davantage faim et la satiété met plus de temps à s’installer.

L’avènement des modes de transport, qu’ils soient privés ou partagés, a inéluctablement eu un fort impact sur l’activité physique. Aujourd’hui, nous nous déplaçons en bus, en métro ou en voiture au détriment du vélo ou de la marche à pied. Notre environnement de travail a lui aussi évolué : nous sommes aujourd’hui nombreux à passer la journée devant un ou plusieurs écrans, en position statique avec comme seuls mouvements la pause toilettes et la quête du déjeuner. Si l’alimentation de type occidental est majoritairement incriminée dans la prévalence de l’obésité, il ne faut pas négliger notre tendance à la sédentarité… Et qui dit sédentarité dit dépenses énergétiques moindres, pour des apports caloriques plus conséquents que ceux de nos grands-parents… L’équation est rapide : moins de dépenses énergétiques et davantage d’apports pour une prise de poids assurée.

5- Les facteurs psychologiques

Nombreuses sont les situations qui nous incitent à grignoter, stress, dépression et anxiété ont notamment leur rôle à jouer dans la prise de poids. Face à une situation de stress par exemple, la nourriture apparaît parfois comme un recours afin d’apaiser ses tensions internes. Souvenez-vous d’un épisode récent particulièrement stressant. Avez-vous compensé en dévorant tout ce qui vous passait sous la main ? C’est normal, et c’est hormonal ! La sécrétion de cortisol, l’hormone du stress, favorise le grignotage et plus particulièrement le grignotage sucré. 

Quant aux personnes dites anxio-dépressives, elles vont spontanément se diriger vers une alimentation plus grasse et plus riche, afin de stimuler le système neurobiologique de la récompense. Et ce qui tend à n’être qu’une situation exceptionnelle, liée à un fait extérieur, s’installe progressivement : nous prenons l’habitude de manger pour compenser un mal-être. 

 

Tout ne passe donc pas que par l’assiette

S’il paraît impensable de réfuter le rôle de l’alimentation dans la prise de poids et l’obésité, de nombreux facteurs doivent être pris en compte. C’est avant tout l’accumulation de plusieurs facteurs de risque qui contribue au surpoids, puis à l’obésité. Les recherches battent d’ailleurs leur plein afin d’identifier tous les facteurs impliqués dans le développement et l’installation de cette dernière. Dans l’espoir qu’un jour cesse cette stigmatisation et que l’obésité soit considérée par l’ensemble de la société comme une pathologie à part entière.

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