Lorsqu’on évoque le SII, on pense en premier lieu aux troubles intestinaux ressentis mais d’autres types de manifestation, en-dehors de la sphère digestive, sont parfois reportés.
Selon les personnes, des signes plus fréquents de migraine, douleurs musculaires, fatigue chronique, bouffées de chaleur… sont par exemple évoqués. Un sujet plus tabou mais qui affecte aussi ces personnes : la sexualité.
On vous explique tout, sans tabou.
Sexualité et SII
Ne nous voilons pas la face : le SII n’est pas considéré comme une maladie chronique (sa définition médicale fait plutôt état d’un ensemble de symptômes), mais la situation est la même : les personnes touchées par ce syndrome doivent vivre au quotidien avec des troubles digestifs, de la douleur, …
Tous ces symptômes affectent la qualité de vie des patients, leur alimentation, leur sommeil, leur image de soi. Ils peuvent aussi être source de stress, d’anxiété, entraîner une dépression. Dans ces conditions, il est compliqué d’avoir une vie sexuelle épanouie.
Troubles sexuels et SII
Le sujet des troubles sexuels chez les patients souffrant de SII est peu documenté aux niveaux scientifique et médical. La reconnaissance récente et difficile du syndrome n’a pas encore ouvert le champ des investigations aux effets collatéraux.
Récemment, une équipe de recherche danoise a fait le tour des études scientifiques concernant le SII et dans lesquelles une évaluation des troubles sexuels était réalisée. Deux premières informations : ces études étaient peu nombreuses (57 études retenues par l’équipe) et la quasi-totalité n’abordaient la question de la sexualité que de manière détournée en évaluant la qualité de vie des patients. Seule une étude les interrogeait directement sur leurs troubles sexuels. Il en ressort que les patients souffrant de SII ont une moins bonne qualité de vie et davantage de problèmes sexuels que les personnes sans SII. De même, la prise en charge permet d’améliorer, de manière relative, cette qualité de vie.
En 2016, le Professeur Jen-Marc Sabaté de l’hôpital d’Avicenne (93) et d’autres gastro-entérologues ont réalisé une étude plus précise pour connaître l’impact du SII sur la vie intime. Ils ont invité les membres de l’Association des Patients Souffrant du SII (APSSII) à répondre à des questionnaires portant spécifiquement sur les troubles sexuels rencontrés. Sans surprise, les 2/3 des femmes et la moitié des hommes ayant participé à cette étude présentaient une dysfonction sexuelle. Et l’altération de leur qualité de vie était associée à la sévérité de leur SII.
Souffrir d’un SII ne se limite pas aux troubles digestifs qu’il provoque. Toutes les composantes de la vie quotidienne sont impactés. Il est donc essentiel de se sentir bien pris en charge et oser parler de tous ses problèmes avec son médecin ou gastro-entérologue.
Auteure : Mathilde de DIETIS