Le diabète de type 2 est intimement lié à la sécrétion hormonale et à la résistance à l’insuline. Mais une recherche récente tend à suggérer que le foie pourrait produire plus de glucose que nécessaire. Il aurait un rôle plus important qu’on ne le pensait dans l’apparition du diabète de type 2. Explications.
Diabète de type 2 : des hormones pas innocentes
Deux hormones sont impliquées dans les variations de la glycémie (taux de sucre dans le sang). Lors d’un repas d’abord, le glucose contribue à la hausse de la glycémie, hausse dont le pancréas a rapidement conscience. Les cellules bêta du pancréas sécrètent alors de l’insuline qui permet de diminuer la glycémie. En effet, l’insuline va permettre au glucose de pénétrer dans les cellules de l’organisme. Muscles, tissu adipeux et foie vont recevoir du glucose. Le foie va le transformer puis le stocker (sous forme de glycogène), favorisant de fait une baisse de la glycémie.
La seconde hormone qui rentre en jeu dans les variations de l’insuline est le glucagon. Il a l’effet inverse de l’insuline. Hors de repas, en cas jeûne prolongé ou de dépense énergétique conséquente, les cellules alpha du pancréas vont réagir et sécréter du glucagon. Ce dernier va alors libérer le glucose stocké dans le foie pour favoriser le passage de celui-ci vers la circulation sanguine (néoglucogenèse). Le glucagon augmente donc la glycémie.
Ces hormones ont un impact sur différents organes, comme par exemple le pancréas ou le foie. Et vous l’aurez compris, le foie agit selon les signes hormonaux en provenance des cellules du pancréas. Enfin, c’est ce que l’on pensait.
Surpoids, obésité et diabète de type 2
Surpoids et obésité sont tous deux un facteur de risque de développer un diabète de type 2 en favorisant la résistance à l’insuline. Surpoids et obésité favorisent également une accumulation des graisses (lipides) dans le foie, conduisant à la maladie du foie gras, ou NASH. Aussi est-il légitime de se demander si l’accumulation de lipides dans le foie peut contribuer à l’altération du fonctionnement du foie. Et c’est ce qu’ont fait des chercheurs de l’université de Genève. Ils ont en effet cherché à comprendre le lien entre le foie, les lipides mais aussi la production de glucose en relation avec le fonctionnement des mitochondries hépatiques, qui permettent de convertir le glucose en molécule énergétique. En effet, chez des personnes atteintes de la maladie de NASH, ces mitochondries dysfonctionnent.
L’équipe de recherche a alors créé un modèle de souris chez qui le foie accumule des lipides sans qu’une résistance à l’insuline ne se développe. L’équipe a introduit chez les souris la protéine OPA-1 sous sa forme longue, nécessaire au bon fonctionnement des mitochondries. C’est alors que les cellules du foie ont initié une surproduction de glucose, sans répondre à un quelconque appel hormonal.
Le diabète pourrait-il se déclarer sans problème d’insuline ? Peut-être bien !
Si ce procédé ne vous dit pas grand-chose, car complexe, il est néanmoins capital. C’est en effet la première fois qu’une équipe de recherche observe une production de glucose par le foie, sans signal hormonal aucun. La production de glucose par le foie ne dépend donc pas seulement d’un stimulus externe, hormonal. Cette étonnante découverte pourrait notamment expliquer pourquoi des personnes souffrant de la maladie du foie gras ou NASH développent un diabète de type 2 sans aucun déséquilibre de l’insuline.
L’équipe de recherche continue à creuser cette piste et effectue à présent des investigations afin de savoir si cette surproduction de glucose peut favoriser un dérèglement de la glycémie constant, et donc un diabète.