Notre décryptage du célèbre acronyme des Drs Shepherd et Gibson de la Monash University n’est pas terminé. Cette semaine, nous vous expliquons tout sur le D de FODMAPs : D comme Disaccharides, parfois impliqué dans les troubles du syndrome de l’intestin irritable. De quoi s’agit-il exactement ? Dans quels aliments se cachent les disaccharides ? Il est temps de devenir (vraiment) incollable sur les FODMAPs !
D de FODMAPs, D de Disaccharides
Lorsque l’on évoque les disaccharides, on entend un sucre composé de deux petits sucres. Au sein de notre alimentation, les disaccharides concernent surtout :
– le saccharose, qui constitue le sucre de table, correspond à l’association du glucose et du fructose ;
– le maltose, soit l’association de deux glucoses ;
– et enfin le lactose, une association de glucose et de galactose.
Lactose, lactase et intolérance au lactose
C’est bien ce dernier qui pose problème aux personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable (SII), nombreux étant les malades SII à ne pas tolérer le lactose. Mais ils ne sont pas les seuls : si le lactose est digéré au niveau de l’intestin grêle grâce à la lactase (une enzyme) chez les enfants, la production de ladite enzyme diminue considérablement à mesure que les années passent. La production insuffisante de lactase ne permet plus de scinder le lactose en glucose et en galactose pour une absorption intestinale. Donc le lactose ne peut plus être digéré, on parle alors d’intolérance au lactose. Attention, il ne s’agit pas d’une allergie aux protéines de lait de vache, cette dernière faisant intervenir une réaction immunitaire.
L’intolérance au lactose (ou sa mauvaise digestion) concerne une très grande partie de la population âgée de plus de 7 ans, près de 100% de la population d’Asie de l’est, 70 à 90% de la population africaine. Au contraire, certaines populations développent une mutation génétique permettant de maintenir l’activité de la lactase. Ces populations proviennent majoritairement d’Europe du nord et d’Europe de l’est. On ne dénombrerait que 15% d’intolérants au lactose en Allemagne et en Autriche et de 5 à 15% au Royaume-Uni.
Bon à savoir : l’intolérance au lactose est particulièrement disparate en France. Si seulement, 17% sont intolérants au lactose dans le nord, ils sont 65% à ne pas le tolérer dans le sud de la France.
Les aliments à forte teneur en lactose
Cela ne doit guère vous étonner : le lait de vache écrémé ou le lait entier contiennent 5 g de lactose pour 100 g de produit. Les laits de brebis ou de chèvre contiennent entre 4.1 à 5.4 g de lactose. Le lait en poudre est lui aussi à éviter en cas d’intolérance au lactose (53 g) tout comme le lait concentré sucré (12 g), les chocolats blanc ou au lait (10 g) et pire encore les crèmes glacées ou crèmes dessert (5 g).
Disaccharides et syndrome de l’intestin irritable
Chez les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable, la non absorption du lactose pose problème et génère nombre de troubles digestifs. Le lactose non digéré va parvenir jusqu’au côlon où les bactéries du microbiote intestinal vont fermenter le lactose. C’est ainsi que peuvent naître les symptômes bien connus du SII comme crampes, maux de ventre, ballonnements, diarrhées…
Si vous avez un doute quant à l’impact du lactose sur vos symptômes du SII, il vous faut essayer le régime pauvre en FODMAPs. Après une période d’éviction de chacun des FODMAPs vient la période de réinsertion où tous ces glucides fermentescibles vont être réintroduits par famille, afin de tester votre propre tolérance à chacun des FODMAPs. Enfin, la phase d’adaptation permettra la mise en place d’une alimentation adaptée à votre tolérance à chacun des FODMAPs.
Des aliments à faible teneur en lactose adaptés au SII
Rassurez-vous : l’intolérance au lactose ne signifie pas un adieu aux produits laitiers. Certains ont une faible teneur en lactose et peuvent potentiellement être consommés, selon la tolérance de chacun. Vous pouvez par exemple essayer certains fromages à pâte dure (cheddar, parmesan, gouda), ceux à pâte persillée (bleu, roquefort), le camembert, la mozzarella. Bon à savoir pour les amateurs : le beurre a une faible teneur en FODMAPs.
Enfin, les boissons végétales peuvent constituer une réelle alternative aux laits de vache, de brebis ou de chèvre. Les boissons végétales au soja, à l’avoine, à l’amande, au riz ou au quinoa peuvent être une option. Et lesdites boissons se déclinent aujourd’hui sous de nombreuses formes : yaourts, crème dessert, glaces…
A lire également :
Sources :
– Masson O., Biochimie : bases biochimiques de la diététique, Tec et Doc, 2007.
– Apfelbaum M. et al., Dictionnaire pratique de la diététique et de la nutrition, Masson, 1981.
– Sabaté J.-M., Régimes et syndrome de l’intestin irritable, Post’U, 2015.
– Ciriha.