Chacun a sa manière de réagir au stress : s'aérer l'esprit, crier, prendre un verre entre amis, faire les boutiques... manger ? Quelle est la conséquence du stress sur l'alimentation ? Mange-t-on davantage ou au contraire a-t-on l'estomac noué ? Alors que certaines études nous affirment que le stress fait grossir une étude qui nous vient du Japon prétend le contraire. Petite mise au point.
Conséquence du stress : une prise de poids ou une perte d'appétit ?
Quand le stress fait prendre du poids
On sait déjà qu'en période de stress chronique, nous avons tous tendance à manger plus gras et plus sucré, d'où une prise de poids conséquente. Mais ce n'est pas l'unique raison. En effet, une étude parue dans Cell Metabolism a montré le circuit moléculaire responsable de la prise de poids. Selon cette étude, tout se joue dans l'amygdale. Lors d’une période de stress, cette glande secrète un neuromédiateur orexigène, le neuropeptide Y (NPY), qui joue un rôle central dans la prise de poids. En période de non-stress, l’auteur principal de cette étude Kenny Chi Kin Ip remarque, « Quand la production de NPY était génétiquement éteinte dans l'amygdale, la prise de poids avec un régime hypercalorique sous stress était la même que dans un environnement calme ».
Il n’en va pas de même en période de stress. En effet, les NPY ont des capteurs d'insuline qui, en période de stress, deviennent insensibles à l'insuline. C'est pourquoi, lorsque le patient subit du stress quotidien auquel il ajoute une alimentation trop riche, l'insuline n'assure plus son rôle de rétrocontrôle et donc la prise alimentaire en appelle une autre d'où une prise de poids qui peut amener à l'obésité. « C'est un cercle vicieux, où les taux élevés chroniques d'insuline en réponse au stress et à une alimentation hypercalorique conduisent à manger de plus en plus, insiste le Pr Herbert Herzog de l'institut de recherche médicale Garvan. Il y a de plus en plus de preuves que l'insuline n'a pas seulement une action périphérique, mais aussi une fonction régulatrice au niveau cérébral. »
Quand le stress bloque l’appétit
Ce qu'on ne savait pas, en revanche, et qu'une étude japonaise publiée en 2020 nous apprend, c'est que le stress ponctuel peut aussi nous empêcher de manger. Cette étude a été menée auprès de 22 volontaires, à jeun. Ces sujets étaient invités à effectuer une tâche de calcul et d’expression orale, induisant un stress. On leur faisait ensuite visionner des images de nourriture, tout en mesurant leur activité neuronale par magnétoencéphalographie. Les résultats montrent que l'appétit n'augmente pas en état de stress ponctuel et d'activité nerveuse sympathique. Le stress ponctuel bloquerait même l'appétit alors qu'en l'absence de stress, l'appétit augmente. Cette première étude n'est qu'expérimentale et concerne un panel trop peu conséquent. Des études complémentaires doivent approfondir ce rapport entre stress ponctuel et appétit.
Les Français victimes du stress
Rappelons que selon la dernière enquête réalisée via Internet en octobre 2017, 88 % des Français déclaraient être stressés. La moitié d'entre eux affirmaient être très ou assez stressés. On compte 60 % de femmes contre 38 % des hommes. Les plus touchés sont les jeunes de 25-34 ans (57 %) contre 42 % des 65 ans et plus. Surprise, les habitants du Nord Est (57 %) sont les plus stressés. Enfin, les personnes atteintes d'une maladie chronique déclarent ressentir plus de stress que la moyenne des Français (59 % sont très ou assez stressés).
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Sources :
- PLOS ONE, 22 Janvier 2020,
- Cell Metabolism.